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LES CLOCHES Le bourdon fut hissé dans la Tour Nord le 1er Octobre 2003; Lors de la fonte du bourdon St-Jacques a Villadieu-les-Poêles dans la Normandie les cloches des sept églises de Bayonne avaient déjà sonné a pleine volée. Il mesure 1,80 mètre pour un poids de 3,6 tonnes. Trois autres cloches complètent la gamme. La cloche Saint-Leon d'un poids de 900 Kilos, la cloche Christ- roi et la cloche Sainte-Jeanne-d'Arc (350 kilos).
L'analyse des différentes traces dans les tours permet de conclure que la cathédrale a possédé sous l'Ancien Régime un patrimoine campanaire important qui disparaît à la Révolution. Un carillon de dix cloches dont il ne reste que le beffroi et le clavier, occupait la tour sud, d'autres cloches destinées à une horlogerie, l'accompagnaient dans l'autre tour avec un premier bourdon selon une tradition chère à la Renaissance. L'évolution des goûts musicaux, le manque de considération et de respect allié à la barbarie des hommes ont fait qu'il subsiste bien peu de chose de ce fragile patrimoine. Le bronze du bourdon Sainte-Marie, fondu en 1606, puis refondu en 1669 pour être ensuite coulé à nouveau en 1819 par le fondeur toulousain Delestan, constitue une bien maigre consolation qui s'attache plus au symbole qu'à un véritable témoignage historique. La cloche du Saint-Sacrement, datée de 1813 selon le chamoine Veillet, demeure isolée dans le beffroi de la tour sud pour cause de disharmonie avec les autres. Trois cloches accompagnent celle de 1819 dans la tour nord. Elles ont été fondues en 1955 par les ateliers Pacard à Annecy-le-Vieux. Au cours de cette même année, pour les supporter, a été onstruit, en remplacement d'un ouvrage en bois, un beffroi métallique mal adapté qui s'est corrodé et présentait une certaine dagerosité après avoir été foudroyé. En 1999, une intervention du service des monuments historiques a consisté à remplacer ce beffroi par un ouvrage traditionnel en chêne. Par ailleurs, les sonneries très proches de ces quatre cloches se développent dans la troisième octave (do, mi, sol et la). Selon Eric Brottier, ingénieur conseil campanaire en charge du dossier technique, il manquait visiblement l'appui d'une tonalité plus grave qui ne pouvait être produite que par une nouvelle cloche : un bourdon. DESCRIPTION DE L'OPERATION L'initiative qu'a prise l'état, ministère de la culture et de la communication, consiste à créer un bourdon sonnant le la de la deuxième octave. A ce projet se sont associés la mairie de Bayonne et le clergé. La conservation régionale des monuments historiques à la DRAC Aquitaine, assure la maîrise d'ouvrage de cette opération. Après toutes les étapes de la fabrication, le bourdon est transféré à Bayonne, puis installé dans la cathédrale pour y être baptisé et présenté aux bayonnais. Afin de lui assuré le passage par la troisième baie haute de la tour nord, il a fallu déposer les deux meneaux et étayer les remplages supérieurs. Sa mise en place se réalisera grâce à un engin de levage, il sera installé dans le beffroi avec son joug et son battant. Les meneaux seront rebâtis en fin d'intervention. Après deux semaines nécessaires à l'électrification, au réglage du joug et du battant et à la mise en jeu de l'ensemble, le bourdon pourra accompager de son la les sonneries à la volée des quatre autres cloches résidentes dans le beffroi. ETAPES DE FABRICATION DU BOURDON La réalisation de la cloche commence par l'étude de ses profils assistée par ordinateur à l'atelier de fonderie. Puis, vient la fabrication du moule en argile naturelle additionnée de poils de chèvre qui apportent les fibres necessaires à la bonne liaison de la terre lors du séchage ; on ajoute également du crottin de cheval pour sa richesse en paille et en gaz favorisant une certaine perméabilité et rendant le matériau plus réfractaire. Le premier moule, dit "le noyau", bâti en briques et en terre, a la forme de l'intérieur de la cloche finie. Ensuite la "fausse cloche" est modelée sur le noyau, un gabarit en bois sert à lui donner, avec présision, les dimensions qu'aura la cloche définitive.Les décors, constituées de moulages en cire, sont fixés sur la parois avant qu'elle ne soit enduite d'une pellicule de cire qui facilite son démoulage. En fin 'la chape" qui compose le moule extérieur, est pétrie à même la fausse cloche, afin de prendre l'empreinte des décors. Après le séchage complet de l'ensemble on fait fondre les cires avant de soulever la chape pour casser et éliminer la fausse cloche et repositionner ce mour extérieur sur le noyau. Le moule de la couronne et de ses anses vient alors se fixer sur la partie supérieure de la chape. Pour assurer une parfaite qualité de la finesse des décors, une technique innovante à consisté à retourner l'ensemble, la couronne vers le bas, avant le l'enterrer dans la fosse coulée pour permettre à la chape de résister à la pression du métal en fusion et lui éviter toutes déformations. Puis vient la coulée. Le métal porté à 1200°C comble l'espace laissé par la fausse cloche entre la chape et le noyau. Le bronze qui constitue le bourdon, se compose de 78 % de cuivre et de 22 % d'étain. Cet alliage, remarquable pour la qualité sonore qu'il confrère aux cloches, est appelé "airain" ou "métal des dieux". Après dix jours de refroidissement, l'ensemble est déterré, puis retourné à nouveau, les anses vers le haut. Le "décochage" consiste à soulever la chape pour libérer la cloche. Il a eu lieu devant un public nombreux venu de Bayonne et d'ailleurs. Puis, l'artiste qui a réalisé le décor, exécute un travail de ciselage, sur la partie extérieure, avant que le fondeur n'accorde l'instrument par des meulages successifs à l'intérieur pour en parfaire les différentes harmoniques.
LA CLOCHE : INSTRUMENT DE MUSIQUE Lorsqu'on la sonne, elle émet un bouquet de notes très fourni. Sa tonalité se calcule par rapport au la normalisé de la troisième octave qui vibre 440 hertz, soit 440 vibrations par seconde. Le bourdon dégage cinq harmoniques importantes ou sons partiels : - Le Fondamental : c'est sa frèquence de 223 hertz qui sert de référence pour les autres partiels et définit l'octave de l'instrument, (sa note est le la 2). - Le Bourdon ou Hum : vibre à la moitié du fondamental, (la 1). - La Tierce mineure : a une fréquence de 1,2 fois celle du fondamental, (do 3). - La Quinte : égale à 1,5 fois le fondamental, (mi 3). - La Nominale : note de référence qui vibre dux fois plus que le fondamental. C'est le la 3, dont la nuance de hauteur définit celle de la note que l'on entend au frappé de la cloche. La perception simultanée de l'ensemble de ces harmoniques caractèrise le son d'une cloche et le respect des rapports de fréquence donne une cloche consonnante. LE DECOR Trois encre colorées agrémentent toutes les scènes représentées sur la première cloche polychrome de l'histoire. Les moindres décors ont fait l'objet d'épreuves travaillées sur plaque de zinc, gravée, rongée à l'acide et complétée de rajouts de métal, pour aboutir à la transcription exacte de l'oeuvre voulue par l'artiste. Encore une technique innovante pour ces épreuves originales d'où sont tirés les moulages en cire à positionner sur la fausse cloche. Le bourdon se nomme "Pierre" du prénom de l'évêque de Bayonne, Mg Pierre Molères, inscrit dans l'airain, accompagné seulement d'une autre inscription "Ville de Bayonne" et de sa date de baptême, le "20 septembre 2003". Le décor rompt avec la tradition des représentations essenttiellement religieuses. L'artiste a choisi une décoration où la religiosité et la laïcité trouvent leur compte. Autour du thème du dernier synode : "A tout âge, choisir d'aimer en vérité" écrit en français, en gascon et en basque, s'organisent trois tableaux principaux : - L'arbre de vie, symbole de l'ascension vers le ciel, de la vie en perpétuelle évolution, est soutenu par le navire bayonnais, identifiable à son fameux gourvernail. - La cité qui ceint le cathédrale et son cloître, protégés par la coquille, rappelle l'importance de la ville située sur les routes du pélerinage de Saint-Jacques de Compostelle. - Le portail sud de la cathédrale, surmonté de la croix basque, symbolise les ouvertures célestes et le passage possible entre le profane et le sacré. On y trouve également le confluent de la Nive et de l'Adour, la mer et la montagne... Des lectures à plusieurs niveaux d'interprétation sont abordées dans le livre : "Le bourdon de la cathédrale de Bayonne" qui traite toutes les phrases de l'élaboration de la cloche. PREMIER BOURDON DU TROISIEME MILLENAIRE Le bourdon de la cathédrale de Bayonne présente un intérêt de tout premier ordre. Dans le domaine religieux et musical, il structure l'ensemble campanaire existant. C'est, par ailleurs, la cloche la plus grave et la plus grosse du diocèse. Son joug au profil asymétrique très travaillé, décoré d'élèments en bronze et son battant gravé, contribuent également à bouleverser les traditions tant dans le choix des sujets que dans la manière de les retranscrire. Ce premier bourdon du troisième millénaire, objet spirituel, musical et artistique, enrichit déjà le patrimoine monumental bayonnais avant d'inscrire son timbre dans le paysage sonore de la cité. La réalisation de cette opération constitue une aventure humaine qui a monopolisé le travail et le savoir-faire de toute une équipe. Certains y ont apporté leur compétence, leur science, d'autres leur technicité ou encore leur art, tous y ont mis leur sensibilité, leur passion et leur talent. Gageons que cette oeuvre avant-gardiste renouvelle l'art campanaire en sachant convaincre par son nouveau style et marque l'histoire de l'art par son originalité et sa modernité.
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